23.06.2007 / RESSOURCES HUMAINES, CULTURE ET PATRIMOINE VINGT DEUXIEME RAPPORT ANNUEL
LE DEVELOPPEMENT CULTUREL DANS LES DOMAINES DU LIVRE, DE LA DIFFUSION ET DE LA LECTURE PUBLIQUE
Le secteur de la culture bénéficie, de la part des pouvoirs publics, d’une attention particulière. Celle-ci s’est concrétisée, notamment, à travers l’adoption d’un dispositif législatif à même de garantir et de protéger le droit du créateur à la propriété artistique et culturelle de sa production, l’encouragement de l’édition et de la distribution du livre ainsi que par l’accroissement progressif du budget du Ministère de la culture et de la protection du patrimoine pour atteindre 1% du budget de l’Etat à partir de 2004. L’édition du livre culturel et l’encouragement de la lecture figurent parmi les principaux axes du secteur de la culture sur lesquels cet intérêt a porté. Les travaux effectués par la Cour à ce sujet ont concerné principalement la période du Xème plan.
1 – Production et diffusion du livre tunisien
Les prix destinés à récompenser les meilleurs travaux dans le domaine de la production d’œuvres artistiques littéraires et intellectuelles comptent parmi les outils d’encouragement à la production et à la diffusion du livre tunisien. Force est de constater cependant que, cet outil est devenu, ces dernières années, quasiment inopérant en raison du défaut de régularité des concours y afférents et de la faiblesse de l’adhésion et de la participation des candidats à ces concours, ce qui a réduit l’efficacité de cet outil en tant que moyen d’encouragement à la création.
Par ailleurs, le budget de l’Etat supporte 75% du coût du papier utilisé dans la production du livre culturel. A ce titre, les crédits annuellement alloués, sont passés de 0,4 MD en 2002 à 0,750 MD en 2006. Cependant, la gestion des dossiers relatifs à l'octroi des encouragements requiert encore davantage de rationalisation, notamment en ce qui concerne le suivi de l’exécution des engagements pris par les bénéficiaires et l’évaluation de l’impact de cette forme de soutien et de ses résultats.
Dans le cadre de l’encouragement de l’Etat à la production littéraire et scientifique, le Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine procède annuellement à l’acquisition de quantités importantes d’ouvrages tunisiens édités par des maisons d’édition tunisiennes ou par des auteurs tunisiens éditant pour leur propre compte. Les crédits alloués à cet effet, se sont élevés à 1 MD en 2005. Il s’est avéré cependant, que de telles acquisitions sont effectuées, abstraction faite des besoins des bibliothèques publiques ou des demandes formulées par ces dernières.
En vue de promouvoir la formule de la recommandation d’édition, le Ministère a initié, depuis 1997, l’édition d’ouvrages sur son propre budget. Cependant, la gestion de cette matière n’a pas été assurée conformément aux procédures fixées par la réglementation en vigueur.
S’agissant de la diffusion du livre tunisien à l’étranger par le soutien de sa distribution sur les marchés extérieurs et la création de bases de données y afférentes sur le réseau Internet, ainsi que la mise en place d’une application exhaustive couvrant le commerce électronique et l’encouragement de l’édition du « livre électronique », les résultats atteints n’ont pas été à la hauteur des attentes. C’est ainsi que la présence du livre tunisien dans les foires internationales achoppent encore sur des difficultés malgré l’évolution du nombre d’éditeurs et des ouvrages qui y participent. En effet, malgré la prise en charge par le Ministère des frais afférents au transport des personnes et des livres, au séjour et à la location des stands dans les foires internationales, la participation des éditeurs est demeurée limitée et irrégulière.
La promotion du livre tunisien à l’intérieur du pays est opérée notamment par le biais des foires régionales et la foire internationale du livre de Tunis. En dépit des efforts du Ministère visant à éluder les écueils rencontrés lors de l’organisation des foires régionales, celles tenues durant la période 2001 à 2006, n’ont pas été au niveau requis, tant sur le plan de l’organisation que sur le plan de la complémentarité avec d’autres activités connexes devant concourir à la promotion du livre et à sa diffusion. Il s’avère, à la lumière de cette situation, qu’un examen d’ensemble de la question s’impose.
Malgré les mesures d’encouragement et d’incitation prises en faveur du secteur du livre, des difficultés subsistent encore et entravent la promotion de ce secteur, notamment en raison de l’absence d’études de diagnostic devant permettre de déterminer les insuffisances dont il pâtit.
2 – Incitation à la lecture publique
Le nombre de bibliothèques publiques est passé de 334 en 2001 à 366 en 2006, dont 28 bibliothèques ambulantes. Nonobstant cette évolution, les projets de création de bibliothèques publiques ont accusé des retards au niveau des différentes phases d’exécution.
Par ailleurs, la réalisation de l’objectif visant à doter ces structures d’équipements informatiques et à les connecter au réseau Internet appelle une attention plus accrue. L’élaboration du plan directeur informatique du Ministère n’a pas dépassé le stade des études. De même, le pourcentage des bibliothèques reliées au réseau de l’Internet, au mois de juin 2006, n’a pas dépassé 45% de l’ensemble des bibliothèques. La mise à niveau des bibliothèques publiques requiert davantage de ressources humaines et l’amélioration du niveau d’encadrement.
Il a été établi par ailleurs que la procédure en vigueur en matière de distribution des acquisitions en livres, n’a pas contribué à réduire les disparités entre les régions. En effet, le nombre de livres par habitant a quasiment stagné depuis 2001. A titre d’illustration, ledit indicateur s'est situe, jusqu’à 2005, aux alentours d’un livre pour 4,26 habitants dans le gouvernorat de l’Ariana, alors qu’il a atteint un livre pour 0,83 habitant au gouvernorat de Tozeur, étant signalé que la moyenne nationale durant l’année considérée était de près d’un livre pour deux habitants.
La distribution des livres aux bibliothèques se caractérise par la lenteur. La période minimale s’écoulant entre la date d’acquisition des ouvrages et la date de leur distribution, est de près de 18 mois. Le stock d’ouvrages représente, au niveau central et au terme de l’année sus citée, un total de 824.780 exemplaires. Les conditions nécessaires à la protection de ce stock ne sont pas réunies, notamment en raison de l’exiguïté des locaux, du défaut de maîtrise des opérations de suivi des entrées et des sorties des ouvrages ainsi que de l’absence d’un système d’information en la matière.


